ISSN 2421-5813

À Pablo Picasso

Captive de la pleine, agonisante folle,

La lumière sur toi se cache, vois le ciel :

Il a fermé les yeux pour s’en prendre à ton rêve,

Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.

             Devant les roues toutes nouées

              Un éventail rit aux éclats.

              Dans les traîtres filets de l’herbe

               Les routes perdent leur reflet.

                Ne peux-tu donc prendre les vagues

                Dont les barques sont les amandes

                Dans ta paume chaude et câline

                Ou dans les boucles de ta tête ?

Ne peux-tu prendre les étoiles ?

Écartelée, tu leur ressembles,

Dans leur nid de feu tu demeures

Et ton éclat s’en multiplie.

 

De l’aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,

Un soleil tournoyant ruisselle sous l’écorce.

Il ira se fixer sur tes paupières closes.

Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.   

 Paul Éluard, Capitale de la douleur

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