Portrait légèrement déhanché
La vie me fut un merveilleux voyage
Gouffre intérieur de pleurs emplis, palais vendus
pour rien, pour s’en aller plus vite, sans bagages
Léger, des vieux portiers inentendu.
Me fut ? Non pas. Elle m’est un parfum
où le jais à jamais se mêle à la cannelle
Où je goûte la vie si belle d’être belle
et pour moi, sans commencement ni fin.
J’y passe insoucieux dans les déserts
On y boit la rosée du temps. Le temps protège
ceux qui l’aiment autant qu’eux-mêmes. Sur des airs
de forçats, moi j’ai dansé ! Mais que n’ai-je
forcé, choisi, voulu ? Ce n’était rien
que la poussière du soleil, une pépite
de nombres, d’inflexions, de mouvements ou bien
ma respiration même. Et j’allais vite…
Pierre Seghers, Le Temps des merveilles