ISSN 2421-5813

Nouvelle Fribourg, n. 4

 

Tantôt référentiel, tantôt métaphorique, le recours à la notion d’espace en littérature est incontournable. Le quatrième numéro de la revue en ligne Nouvelle Fribourg vise à explorer les multiples approches axées sur l’étude de l’espace dans le texte littéraire pour faire ressortir les différents objectifs, méthodes, divergences et convergences de ses représentations.

À partir des années 30 et des études de Mikhaïl Bakhtine, à qui nous devons la célèbre notion de chronotope, le traitement littéraire de l’espace a gagné sa place d’honneur dans l’univers critique, qui a souvent bénéficié de l’apport de théoriciens non exclusivement voués à la discipline littéraire : c’est le cas, lui aussi très célèbre, de la Poétique de l’espace (1957) de Gaston Bachelard, philosophe qui met le rapport dialectique du dedans et du dehors au centre de sa conception de la poésie et de l’être. Au cours de la même période, la réflexion esthétique sur l’espace s’enrichit grâce au texte de Maurice Blanchot, L’Espace littéraire (1955), qui ouvre finalement à « une spatialité représentative et non représentée ». Cette position semble tout à fait cohérente par rapport à l’essai d’un prédécesseur illustre de Blanchot, Joseph Frank, qui voit le premier la spatialisation comme une forme de transposition littéraire du réel.

Les années 70 et 80 témoignent surtout d’un intérêt pour l’espace romanesque (Bourneuf, Weisgerber, Mitterand). Ensuite, nous arrivons aux nouvelles approches de la dernière décennie du XXe siècle, marquant une superposition entre espace et géographie, considérée en tant que discipline inséparable de la littérature, et ce de deux points de vue : l’un, éthique, lié à la possibilité d’une véritable éco-critique (Gerrard, Zapf, Suberchicot) ; l’autre, cognitif, fondé sur le rôle fondamental de l’espace dans la construction du savoir (Cosgrove).

Les nouvelles approches de l’espace en littérature réfutent l’idée reçue que celui-ci soit simple décor, arrière-plan ou objet de description. De la même manière, il ne se résume plus à une fonction de scène sur laquelle se déploient les actions des personnages mais s’impose comme agent structurant et vecteur signifiant. Une telle insistance dans l’exploration des espaces de l’œuvre littéraire s’explique, entre autres raisons, par la prédisposition du langage à transposer les catégories mentales en catégories verbales. Comme le rappelle Gérard Genette, l’homme étant « livré à l’“absurde” et au déchirement, il se rassure en projetant sa pensée sur les choses, en reconstruisant des plans et des figures qui empruntent à l’espace des géomètres un peu de son assise et de sa stabilité » (1966 : 101).

Nous proposons les pistes de recherche suivantes :

  • L’espace formel : l’organisation spatiale du texte.
  • L’espace autoréférentiel de la poésie.
  • L’espace sémantique comme multiplication des sens dans l’œuvre littéraire : le mot dans son contexte et co-texte.
  • Le recours des références spatiales (toponymes, noms propres, termes génériques, adverbes déictiques, verbes et prépositions, etc.) dans le texte littéraire ; leur rôle esthétique et cognitif.
  • La convergence de littérature et géographie, discipline spatiale par excellence : les enjeux du rapport entre l’objectivité de la géographie et la pratique subjective de l’écriture.
  • La définition des espaces de production : le débat sur la francophonie.
  • L’espace entre idéologie et analyse sociologique.
  • Espace comme environnement: le souci de l’équilibre écologique et l’éco-critique.
  • La description du paysage entre littéralité et figurativité.
  • Similarités et différences dans la transposition visuelle et écrite de l’expérience spatiale (littérature et arts visuels).

Nous invitons les participants à l’appel à développer d’autres aspects du traitement littéraire de l’espace. D’autres approches sont bienvenues.

Calendrier 

Date limite pour la remise des propositions :

30 septembre 2018

Date limite pour la remise des contributions :

31 décembre 2018

Vous pouvez envoyer vos propositions de titre accompagnées de 10 lignes de projet et d’une courte biographie professionnelle à l’adresse info@nouvellefribourg.com, avant le 30 septembre 2018. Le Comité scientifique de lecture prendra sa décision dans les jours qui suivront et nous communiquerons ensuite les consignes éditoriales aux auteurs sélectionnés.

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