ISSN 2421-5813

La chair humaine

Dans Fulgurations, Gare

de Benjamin Péret

Une femme charmante qui pleurait habillée de noir et de gris m’a jeté par la fenêtre du ciel Ah que la chute était grande ce jour où mourut le cuivre Longtemps la tête pleine de becs d’oiseaux multicolores j’errai alentour des suaires et j’attendai devant les gares qu’arrive le corbillard qui en fait sept fois […]

Westwego

Dans Fulgurations, Gare

de Philippe Soupault

Les nuits de Paris ont ces odeurs fortes que laissent les regrets et les maux de tête et je savais qu’il était tard et que la nuit la nuit de Paris allait finir comme les jours de fêtes tout était bien rangé et personne ne disait mot j’attendais les trois coups le soleil se lève […]

Le temps des mots croisés

Dans Fulgurations, Gare

de Louis Aragon

Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d’hommes où vous veillez Épouses d’épouvante elles font leur étude Des monstres grimaçants autour de l’oreiller   Qui donc a déchaîné la peur cette bannie Et barbouille de bleu panique les carreaux Le sable sous le toit Dans le cœur l’insomnie Personne ne lit […]

Le verbe être

Dans Fulgurations, Gare

de André Breton

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C’est le désespoir et ce n’est pas le retour d’une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit […]

Première du monde

Dans Fulgurations, Gare

de Paul Éluard

À Pablo Picasso Captive de la pleine, agonisante folle, La lumière sur toi se cache, vois le ciel : Il a fermé les yeux pour s’en prendre à ton rêve, Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.              Devant les roues toutes nouées               Un éventail rit aux éclats.               Dans les traîtres filets de […]

Volt

Dans Fulgurations, Gare

de Tristan Tzara

les tours penchées les cieux obliques les autos tombant dans le vide des routes les animaux bordant les routes rurales avec des branches couvertes d’hospitalièrs qualités et d’oiseaux en forme de feuilles sur leurs têtes tu marches mais c’est une autre qui marche sur tes pas distillant son dépit à travers les fragments de mémoire […]

Se confondre

Dans Fulgurations, Gare

de Georges Ribemont-Dessaignes

De rien, choses, naissez, cruelles apparences, Néant, vieux magasin, prends ton enseigne visible. Et toi, bel univers, si vieux, si jeune, ô monde inconnu, Tu prendras ta place Dans les draps de mon sang, dans les plis de mes mains, Sur la paix de mes lèvres, Je tâcherai de naître à tes apparences, Je t’interrogerai […]

Par lui-même

Dans Fulgurations, Gare

de Jean Cocteau

Accidents du mystère et fautes de calculs Célestes, j’ai profité d’eux, je l’avoue. Toute ma poésie est là : Je décalque L’invisible (invisible à vous). J’ai dit : « Inutile de crier, haut les mains ! » Au crime déguisé en costume inhumain ; J’ai donné le contour à des charmes informes ; Des ruses de la mort la trahison m’informe ; J’ai […]

Neiges

Dans Fulgurations, Gare

de Saint-John Perse

À Françoise-Renée Saint-Leger Leger IV Ainsi l’homme mi-nu sur l’Océan des neiges, rompant soudain l’immense libration, poursuit un singulier dessein où les mots n’ont plus prise. Épouse du monde ma présence, épouse du monde ma prudence !… Et du côté des eaux premières me retournant avec le jour, comme le voyageur, à la néoménie, dont la […]

Alter ego

Dans Fulgurations, Gare

de Jules Supervielle

Une souris s’échappe (Ce n’en était pas une) Une femme s’éveille (Comment le savez-vous ?) Et la porte qui grince (On l’huila ce matin) Près du mur de clôture (Le mur n’existe plus) Ah ! je ne puis rien dire (Eh bien, vous vous tairez !) Je ne puis pas bouger (Vous marchez sur la […]

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