ISSN 2421-5813

Je vous parle des murs

Dans Fulgurations, Gare

de Guy Levis Mano

Si tu parles aux murs, fais attention, je te préviens fais attention. Les murs sont comme ces plantes bizarres qui semblent fermées et quiètes. Mais ce n’est pas vrai. Un moment ou l’autre, elles s’ouvrent subrepticement — c’est toujours au contact d’une proie ingénue — et elles se referment vous ayant happé irrémédiablement, et assimilé. […]

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L’explication des métaphores

Dans Fulgurations, Gare

de Raymond Queneau

Loin du temps, de l’espace, un homme est égaré, Mince comme un cheveu, ample comme l’aurore, Les naseaux écumants, les deux yeux révulsés, Et les mains en avant pour tâter le décor   — D’ailleurs inexistant. Mais quelle est, dira-t-on, La signification de cette métaphore : « Mince comme un cheveu, ample comme l’aurore » […]

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Poursuite

Dans Fulgurations, Gare

de Jean Tardieu

Un monument, dans la fuite du jour, Se penche, au bord de mourir fleuve et poudre. Ah ! maintenez, mes regards, cette tour Debout, loin des pensées qui la veulent dissoudre.   Les premiers frôlements d’une aile noire Et la distance à mes mains s’opposant Brisent la pierre et font que ce Présent Déjà dévale, […]

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Les travaux de Sisyphe

Dans Fulgurations, Gare

de Henri Michaux

La nuit est un grand espace cubique. Résistant. Extrêmement résistant. Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter. Ce qu’il ne faut pas accepter. Moi, je n’en sors pas. Que d’obstacles pourtant j’ai déjà renversés. Que de murs bousculés. Mais il en reste. Oh ! pour ça, il en […]

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La chair humaine

Dans Fulgurations, Gare

de Benjamin Péret

Une femme charmante qui pleurait habillée de noir et de gris m’a jeté par la fenêtre du ciel Ah que la chute était grande ce jour où mourut le cuivre Longtemps la tête pleine de becs d’oiseaux multicolores j’errai alentour des suaires et j’attendai devant les gares qu’arrive le corbillard qui en fait sept fois […]

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Westwego

Dans Fulgurations, Gare

de Philippe Soupault

Les nuits de Paris ont ces odeurs fortes que laissent les regrets et les maux de tête et je savais qu’il était tard et que la nuit la nuit de Paris allait finir comme les jours de fêtes tout était bien rangé et personne ne disait mot j’attendais les trois coups le soleil se lève […]

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Le temps des mots croisés

Dans Fulgurations, Gare

de Louis Aragon

Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d’hommes où vous veillez Épouses d’épouvante elles font leur étude Des monstres grimaçants autour de l’oreiller   Qui donc a déchaîné la peur cette bannie Et barbouille de bleu panique les carreaux Le sable sous le toit Dans le cœur l’insomnie Personne ne lit […]

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Le verbe être

Dans Fulgurations, Gare

de André Breton

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C’est le désespoir et ce n’est pas le retour d’une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit […]

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Première du monde

Dans Fulgurations, Gare

de Paul Éluard

À Pablo Picasso Captive de la pleine, agonisante folle, La lumière sur toi se cache, vois le ciel : Il a fermé les yeux pour s’en prendre à ton rêve, Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.              Devant les roues toutes nouées               Un éventail rit aux éclats.               Dans les traîtres filets de […]

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Volt

Dans Fulgurations, Gare

de Tristan Tzara

les tours penchées les cieux obliques les autos tombant dans le vide des routes les animaux bordant les routes rurales avec des branches couvertes d’hospitalièrs qualités et d’oiseaux en forme de feuilles sur leurs têtes tu marches mais c’est une autre qui marche sur tes pas distillant son dépit à travers les fragments de mémoire […]

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